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Dawaï

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Est-ce la fascination bêta pour les véhicules soviétiques mal-aimés ? Est-ce une curiosité pour ces immensités de taïga et de steppes ? Est-ce les deux facettes d’attraction et de répulsion que ce pays entretient ? Ou encore, est-ce le désir profond de parcourir ce territoire-continent un appareil photo et un carnet à la main ? Je ne saurais répondre encore aujourd’hui, mais plusieurs de ces questions ont motivé ce voyage dans la fédération de Russie à la fin de l’automne. Aux portes de l’hiver.J’ai toujours éprouvé une curiosité pour l’histoire de l’URSS et les événements historiques qui ont précipité ce pays dans le communisme. Terreau d’un grand laboratoire industriel et social à l’échelle d’un empire guidé par la seule démesure des projets de ses dirigeants. Ennemi juré des États-Unis, la superpuissance soviétique éclatée reste encore mystérieuse et farouche.

 

En empruntant un chemin qui débuta à Vladivostok, aux confins de l’Extrême-Orient russe, pour relier la capitale Moscou, 9 200 km à l’ouest, je suis parti à la recherche des traces et murmures de l’Ancien Régime au travers de ces véhicules encore en circulation. Je n’ai pas évité les petits musées, mais l’essentiel de mes observations a été glané à l’écart des grandes places, dans les villages reculés de l’Ouest Pacifique, de la Sibérie, près du lac Baïkal ou encore au bord de la route de l’Oural.

 

Quels sont les vestiges roulants et les fantômes automobiles qui stationnent encore au pied des immeubles khrouchtchéviens ? Comment s’est organisée la mobilité et quels sont les liens formels qu’entretiennent ces véhicules avec leur terrain de jeu ? C’est ce paysage véhiculaire révolu que j’ai recherché, observé et photographié arpentant les ruelles de Severobaïkalsk, les parkings de Khabarovsk ou encore la banlieue de Tynda. Au fil des rencontres avec des Russes en transit, des journées de train interminables, ce carnet de route croise relevés photographiques, récit de voyage et réflexions sur le futur de la mobilité à partir de ces murmures soviétiques en circulation ou en complet abandon. Dawaï !

 

Dawaï : mot russe aux sens nombreux. Il signifie « bye »; « fais-le »; « très bien »; « d’accord » ; « come on ! ». Il peut-être utilisé pour de multiples situations, j’en retiendrai une. Un véhicule à l’arrêt, le moteur ronflant, un Russe au volant qui vous hèle « Dawaï ! », invitation à prendre place à ses côtés avant de filer à toute allure.

Appareil :
Canon AE-1
Date :
Catégorie :

Designer de formation, dessinateur et photographe, les images nourrissent mes différentes pratiques. Les photographies sont réalisées en film argentique 120 ou 135 mm. Cette temporalité imposée par la pratique argentique, entre économie des prises de vues et patience dans la révélation des images, est un moyen d’apprécier à juste mesure ce qui m’entoure.